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Perspectives économiques de l’OCDE, Rapport intermédiaire

Coronavirus: l’économie mondiale menacée

2 March 2020

CORONAVIRUS : L'ÉCONOMIE MONDIALE MENACÉE

Résumé

L’épidémie de coronavirus (COVID-19) a déjà été la cause de souffrances humaines considérables et de perturbations économiques majeures.

La contraction de la production en Chine a eu des effets dans le monde entier, témoignant de l’importance croissante de la Chine dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et sur les marchés de produits de base. Dans les autres économies, la diffusion du virus a eu des effets similaires, mais de moindre ampleur jusqu’à présent.

Les perspectives de croissance demeurent très incertaines.

En partant de l’hypothèse que le pic épidémique sera atteint en Chine au premier trimestre 2020 et que dans les autres pays, l’épidémie se révélera plus modérée et circonscrite, la croissance mondiale pourrait être inférieure d’environ ½ point de pourcentage cette année au chiffre attendu dans les Perspectives de novembre 2019.

La croissance annuelle du PIB mondial devrait en conséquence baisser globalement à 2.4 % en 2020, en partant du chiffre déjà faible de 2.9 % enregistré en 2019, et elle pourrait même peutêtre être négative au premier trimestre de 2020.

Les perspectives pour la Chine ont été dégradées significativement, puisque la croissance passera en dessous de la barre de 5 % cette année, avant de se redresser pour dépasser 6 % en 2021 lorsque la production renouera progressivement avec les niveaux attendus avant l’arrivée de l’épidémie.

Les effets négatifs sur la confiance, les marchés financiers et le secteur des voyages et les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement expliquent les révisions à la baisse des prévisions pour 2020 concernant l’ensemble des économies membres du G20, en particulier de celles qui sont étroitement liées à la Chine, comme le Japon, la Corée et l’Australie.

Sous réserve que les effets de l’épidémie n’augmentent pas au-delà des hypothèses du cas central de ces prévisions, l’impact sur la confiance et les revenus que pourraient avoir des mesures de politique bien ciblées prises dans les économies les plus exposées pourrait favoriser une reprise de la croissance du PIB mondial qui s’établirait à 3 ¼ pour cent en 2021.

Une épidémie plus durable et plus importante de coronavirus, qui se propagerait à la région Asie-Pacifique, l’Europe et l’Amérique du Nord, assombrirait considérablement l’horizon.

Dans cette hypothèse, la croissance mondiale pourrait tomber à 1 ½ pour cent en 2020, la moitié du taux de croissance prévu avant la survenue de l’épidémie.

Les gouvernements doivent réagir rapidement et énergiquement face au coronavirus.

Les gouvernements doivent prendre des mesures efficaces, en mobilisant des moyens suffisants, pour prévenir l’infection et la contagion, pour la mitiger et mettre en œuvre des politiques ciblées pour soutenir les systèmes et les personnels de santé et préserver les revenus des groupes sociaux et des entreprises vulnérables pendant l’épidémie.

Des politiques macroéconomiques de soutien à l’activité peuvent favoriser le rétablissement de la confiance et le redressement de la demande lorsque l’épidémie s’apaisera, mais elles ne peuvent compenser les perturbations immédiates résultant des fermetures forcées d’entreprises et des restrictions aux déplacements.

Si les risques baissiers se matérialisent et si la croissance doit être beaucoup plus faible pendant une période prolongée, une action coordonnée des gouvernements du G20 et au-delà serait le moyen le plus efficace de restaurer la confiance, en assurant la mise en place de politiques de santé, de mesures de confinement et d’atténuation efficaces, en apportant un soutien aux économies à faible revenu, et en envoyant de manière concertée, un engagement à accroître les dépenses publiques nécessaires.

Perspectives économiques intermédiaires de l’OCDE : prévisions, 2 mars 2020

Croissance du PIB réel

Glissement annuel en %

 

 

2019

 

2020

2021

 

 

 

 

 

Différence par

 

Différence par

 

 

 

Prévisions

 

rapport aux

Prévisions

rapport aux

 

 

 

intermédiaires

prévisions de

intermédiaires

prévisions de

 

 

 

 

 

novembre

 

novembre

 

Monde1

2.9

2.4

 

-0.5

3.3

0.3

 

G201,2

3.1

2.7

 

-0.5

3.5

0.2

 

Australie

1.7

1.8

 

-0.5

2.6

0.3

 

Canada

1.6

1.3

 

-0.3

1.9

0.2

 

Zone euro

1.2

0.8

 

-0.3

1.2

0.0

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Allemagne

0.6

0.3

 

-0.1

0.9

0.0

 

France

1.3

0.9

 

-0.3

1.4

0.2

 

Italie

0.2

0.0

 

-0.4

0.5

0.0

 

Japon

0.7

0.2

 

-0.4

0.7

0.0

 

Corée

2.0

2.0

 

-0.3

2.3

0.0

 

Mexique

-0.1

0.7

 

-0.5

1.4

-0.2

 

Turquie

0.9

2.7

 

-0.3

3.3

0.1

 

Royaume-Uni

1.4

0.8

 

-0.2

0.8

-0.4

 

États-Unis

2.3

1.9

 

-0.1

2.1

0.1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Argentine

-2.7

-2.0

 

-0.3

0.7

0.0

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Brésil

1.1

1.7

 

0.0

1.8

0.0

 

Chine

6.1

4.9

 

-0.8

6.4

0.9

 

Inde3

4.9

5.1

 

-1.1

5.6

-0.8

 

Indonésie

5.0

4.8

 

-0.2

5.1

0.0

 

Russie

1.0

1.2

 

-0.4

1.3

-0.1

 

Arabie Saoudite

0.0

1.4

 

0.0

1.9

0.5

 

Afrique du Sud

0.3

0.6

 

-0.6

1.0

-0.3

 

 

 

 

 

 

 

 

Note : Prévisions basées sur les informations disponibles au 28 février. Écart par rapport aux Perspectives économiques de novembre 2019 exprimé en points de pourcentage, sur la base de chiffres arrondis.

1.Agrégat calculé à l'aide de pondérations variables appliquées aux PIB nominaux nationaux, à parité de pouvoir d'achat.

2.L'Union européenne est membre à part entière du G20, mais l'agrégat G20 comprend uniquement les pays qui en sont également membres à titre individuel.

3.Exercices débutant en avril.

Toujours en demi-teinte, les perspectives économiques mondiales demeurent très incertaines en raison de l’épidémie de coronavirus

L’épidémie de coronavirus (COVID-19) a déjà apporté son lot de souffrances humaines et de perturbations économiques majeures. En Chine, les mesures prises pour circonscrire la propagation du virus ont inclus des mises en quarantaine et l’application de restrictions généralisées aux déplacements de main-d’œuvre et aux voyages, ce qui a provoqué des retards imprévus dans le redémarrage des usines après les congés du Nouvel An lunaire et de nettes réductions d’activité dans de nombreux services. Ces mesures entraînent une contraction d’ampleur de la production tandis que les effets de l’épidémie

se font toujours sentir. Sa propagation ultérieure à d’autre pays, dont la Corée et l’Italie, a déclenché

également des mesures de confinement, notamment des mises en quarantaine et des fermetures de frontière, quoiqu’à une échelle plus modeste.

Les implications négatives de cette situation pour les autres pays sont conséquentes : rupture directe des chaînes d’approvisionnement mondiales, fléchissement de la demande finale de biens et de services importés et repli plus large au niveau régional du tourisme d’affaires et des flux touristiques. L’aversion pour le risque s’est accrue sur les marchés financiers, avec le taux d’intérêt à 10 ans des obligations du Trésor qui est tombé à un niveau historiquement bas aux États-Unis et les cours des actions qui sont en brusque repli, les prix des matières premières ont chuté et la confiance des entreprises et des consommateurs s’est détériorée.

Par rapport à la situation qui prévalait lors d’épisodes comparables, comme celui du SRAS en 2003, les interdépendances dans l’économie mondiale sont désormais bien plus grandes qu’elles ne l’étaient et la Chine joue aujourd’hui un rôle bien plus important dans la production, les échanges et sur les marchés du tourisme et des produits de base au niveau mondial (Graphique 1). Les retombées sur les autres

économies d’un choc négatif survenant en Chine n’en sont que plus fortes. Même si le pic de l’épidémie se révèle de courte durée, la production et la demande se redressant graduellement au cours des prochains mois, l’épidémie exercera néanmoins de lourdes tensions sur la croissance mondiale en 2020.

Graphique 1. La Chine occupe une part croissante dans l’activité mondiale

24

20

16

12

8

4

0

A. La Chine est plus intégrée dans l’économie mondiale

En % mondial

 

 

2002

 

2019

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Industrie

PIB mondial Commerce

Tourisme IDE mondial

mondiale

mondial

mondial

 

 

 

B. La Chine détient une part importante dans la demande

%

 

 

 

mondiale de matière première

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

60

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2018

2000

 

50

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

40

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

30

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

20

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

10

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

0

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aluminium Cuivre

Nickel

Zinc

 

Plomb Caoutchouc

Pétrole

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

naturel

 

 

brut

Note : Part de la Chine dans l’industrie, le PIB et les échanges en USD constants. Part dans l’IDE mondial en USD courants. Les données relatives au tourisme se rapportent aux années 2002 et 2017, et les données de l’IDE aux années 2005 et 2018. Les données concernant l’industrie sont établies à partir de la valeur ajoutée et incluent le secteur de la construction.

Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE ; OCDE, FDI in Figures, octobre 2019 ; et Banque mondiale.

Des signes de stabilisation étaient apparus avant l’épidémie de COVID-19 même si l’activité économique continuait d’afficher une certaine faiblesse

Avant que n’éclate l’épidémie de COVID-19, l’activité était restée plutôt atone, mais les indicateurs d’enquête avaient amorcé une stabilisation, voire une amélioration, à la fois dans l’industrie et les services (Graphique 2). Les conditions financières s’étaient également améliorées à la suite des mesures prises pour donner un tour plus accommodant à la politique monétaire et relâcher les tensions dans la politique commerciale. Selon de premières estimations, la croissance du PIB mondial semble avoir nettement ralenti au quatrième trimestre de 2019 pour s’établir à un peu plus de 2 ½ pour cent (en taux annualisé à PPA) (Graphique 2), des mouvements de grève, des troubles sociaux et des catastrophes naturelles ayant perturbé l’activité dans un certain nombre de pays. La croissance est restée proche de son niveau tendanciel aux États-Unis, tandis que la demande a nettement fléchi au Japon à la suite du relèvement de la taxe sur la consommation en octobre, et qu’elle est restée fragile dans les économies fortement exposées au ralentissement des échanges mondiaux, dont l’Allemagne. La croissance est restée en demi-teinte dans de nombreuses économies de marché émergentes, le PIB diminuant lentement en Chine, et l’importance des créances douteuses ou litigieuses, ajoutée au surendettement affiché dans les bilans des entreprises, pesant sur l’investissement en Inde.

Graphique 2. La croissance mondiale s’est essoufflée

Note : PIB à prix constants sur la base des PPA. Les données pour le quatrième trimestre de 2019 sont une estimation. Les données de la série d’indices des directeurs d’achat pour les économies avancées correspondent à une moyenne pondérée par les PPA, calculée pour l’Australie, les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni et la zone euro.

Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE ; et Markit.

La production industrielle a poursuivi sa stagnation à la fin de 2019, et la croissance des dépenses de consommation a perdu de sa vigueur, malgré des gains d’emplois constants. Le repli des ventes mondiales d’automobiles s’est quelque peu tempéré tout au long de 2019, mais la demande a ensuite chuté, les données provisoires indiquant un recul mensuel de 10 % des ventes en janvier 2020, et de 20 % en Chine.

De même, les échanges mondiaux demeurent très faibles. Les volumes des échanges de marchandises se sont contractés au quatrième trimestre de 2019, et ont diminué globalement sur toute l’année 2019, première chute en année pleine depuis 2009 (Graphique 3, partie A). Le trafic portuaire de conteneurs et le fret aérien de marchandises affichaient une certaine faiblesse avant le déclenchement de l’épidémie de coronavirus, et de nouveaux replis sensibles sont, semble-t-il, prévisibles à court terme. Les indices mesurés par enquêtes auprès des responsables des achats sur les nouvelles commandes à l’exportation dans l’industrie mondiale avaient amorcé un redressement, mais ont à nouveau fléchi dans les baromètres mensuels publiés pour février, notamment au Japon et en Australie. Freiné en partie par la persistance d’un grand climat d’incertitude et par de faibles perspectives de croissance future, l’investissement affiche également une certaine asthénie. La croissance globale de l’investissement dans les économies du G20 (hors Chine) a ralenti, passant d’un taux annuel de 5 % au début de 2018 à seulement 1 % l’an dernier.

Le relèvement des droits de douane frappant le commerce bilatéral entre les États-Unis et la Chine sont un déterminant important de la faiblesse de la demande, des échanges et de l’investissement au niveau mondial. L’accord commercial de « phase 1 » signé en janvier entre les deux pays constitue une évolution positive, qui devrait aider à atténuer certaines incidences de la hausse des droits de douane.

Néanmoins, l’engagement pris par la Chine de se procurer, pour un montant cumulé supplémentaire de

200 milliards USD, des biens et des services auprès des États-Unis sur la période 2020-21 (comparé à un niveau de référence de 180 milliards USD en 2017) sera difficile à tenir sans fausser les échanges avec les pays tiers, tandis que les droits de douane entre les deux pays demeurent nettement plus élevés qu’il y a deux ans. Globalement, l’accord de « phase 1 » permet d’alléger d’environ 0.1 point de pourcentage par an la pression que font peser les mesures mises en place au cours des deux dernières années sur la croissance du PIB mondial (Graphique 3, partie B).

Graphique 3. Le commerce mondial reste faible et les tensions commerciales continuent de peser

Note : Les estimations dans la partie B du graphique montrent l’impact combiné des ajustements des droits de douane bilatéraux mis en place par les États-Unis et la Chine en 2019, avant et après l’accord de « phase 1 », et d’une hausse mondiale de 50 points de base des primes de risque appliquées aux investissements, qui persiste pendant trois ans avant de s’estomper progressivement. Tous les chocs tarifaires sont maintenus pendant six ans. Chiffres établis à partir de simulations utilisant le modèle NiGEM (National Institute’s Global Econometric Model) en mode prospectif.

Source : CPB ; IATA (Association du transport aérien international) ; Indice du trafic de conteneurs RWI/ISL ; et calculs de l’OCDE fondés sur le modèle économétrique mondial de l’Institut national de recherche économique et sociale du Royaume-Uni (NiGEM).

Le coronavirus a sensiblement affaibli les perspectives économiques mondiales à court terme

Depuis le déclenchement de l’épidémie en janvier, près de 85 000 personnes ont été infectées dans le monde, cette proportion progressant rapidement en dehors de la Chine. Si l’épicentre de l’épidémie se situait dans la province de Hubei, qui totalise environ 4.5 % de la production chinoise, les effets de l’épidémie sont apparus très vite dans tout le pays, les efforts déployés pour contrôler la propagation du virus ayant abouti à des restrictions de grande ampleur dans les transports de voyageurs, les déplacements de main-d’œuvre et le temps passé au travail. Les indicateurs dont on dispose pour février pointent un repli majeur de l’activité sur le territoire chinois, et il semble que les signes d’un redressement timide observés en fin de mois ne soient pas suffisamment fermes pour empêcher le niveau de production du premier trimestre de 2020 d’être en retrait par rapport au quatrième trimestre de 2019.

Partout dans le monde, les entreprises ont vite ressenti l’impact des baisses de production en Chine, étant donné le rôle essentiel que joue ce pays dans les chaînes d’approvisionnement mondiales en tant que producteur de biens intermédiaires, notamment dans l’informatique, l’électronique, l’industrie pharmaceutique et les équipements de transport, mais aussi en tant que premier acheteur mondial de matières premières. Il est possible de surmonter des ruptures d’approvisionnement temporaires en puisant dans les stocks, mais les niveaux de ces derniers sont bas en raison des méthodes de juste-à-temps appliquées aux processus de production, et il n’est pas toujours facile de trouver d’autres fournisseurs pour des fabrications de pièces spéciales. Un retour longuement différé au plein niveau de production dans les régions touchées ajouterait aux difficultés que rencontre le secteur manufacturier dans de nombreux pays étant donné les délais d’acheminement nécessaires pour expédier des pièces dans le monde entier.

Les restrictions imposées sur les voyages et l’annulation de nombreux vols, visites et manifestations

économiques et de loisir ont également de lourdes répercussions sur plusieurs secteurs de services. La situation devrait perdurer quelque temps encore. Les touristes chinois représentent environ un dixième de l’ensemble des visiteurs internationaux dans le monde, et au moins un quart des visiteurs se rendant au Japon, en Corée et dans certaines petites économies asiatiques (Graphique 4, partie A). Les exportations de services de voyage vers la Chine, y compris les dépenses des visiteurs chinois, sont

également d’un niveau élevé dans de nombreux pays (Graphique 4, partie B). Le tourisme en provenance de Chine, quasiment à l’arrêt, provoque un choc néfaste d’ampleur sur la demande à court terme. Le phénomène est d’ores et déjà visible dans de nombreuses destinations ; les arrivées de

visiteurs à Hong Kong, Chine, ont été, en février, inférieures de 95 % à la normale. Si la propagation de l’épidémie de coronavirus venait à toucher plus massivement les flux de visiteurs dans les grandes

économies, les conséquences pourraient en être considérables puisque le tourisme représente directement 4 ¼ pour cent du PIB dans les économies de l’OCDE, et près de 7 % de l’emploi.

Graphique 4. Les visiteurs chinois totalisent une part croissante des visites et des dépenses touristiques dans bon nombre d’économies

Note : Partie A : les données pour le Japon et la Corée correspondent aux onze premiers mois de 2019 ; les données pour l’Australie s’entendent pour l’année allant respectivement jusqu’à juin 2012 et juin 2019 ; les données pour la France, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, les Philippines et les États-Unis sont pour 2018 ; enfin, celles utilisées pour l’Indonésie sont de l’année 2017. Partie B : les données pour Singapour et la Thaïlande correspondent aux dépenses des visiteurs étrangers dans chacun des deux pays. Les données pour Hong-Kong, la Chine et pour l’Islande se réfèrent à 2017.

Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE ; Austrade ; Eurostat ; Direction Générale des Entreprises ; Japan National Tourism Organisation ; Korea Tourism Organisation ; Tourism Malaysia ; Office de statistique de Nouvelle-Zélande ; ministère du Commerce et de l’Industrie des Philippines ; Singapore Tourism Board ; Statistique Canada ; ministère du Tourisme et des Sports de Thaïlande ; US International Trade Administration ; Vietnam National Administration of Tourism.

La croissance mondiale devrait s’affaiblir cette année et ne se redresser que progressivement en 2021

Les perspectives de croissance sont très incertaines. Les prévisions se fondent sur l’hypothèse selon laquelle l’épidémie atteindra son pic en Chine au premier trimestre de 2020, avec une reprise graduelle tout au long du deuxième trimestre, à la faveur d’un assouplissement notable des politiques macroéconomiques nationales. Alliés à la dégradation des conditions financières mondiales en résultant et à la recrudescence des incertitudes, ces effets devraient peser sur la croissance du PIB mondial au début de l’année, et peut-être la faire glisser en deçà de zéro au premier trimestre de 2020. Même si les effets de COVID-19 se dissipent progressivement tout au long de l’année 2020, conformément à l’hypothèse retenue, les simulations réalisées à titre indicatif laissent penser que la baisse de la croissance mondiale pourrait aller jusqu’à ½ point de pourcentage cette année (Encadré 1, Graphique 5). En outre, les nouveaux cas de contamination constatés dans d’autres pays sont supposés sporadiques et circonscrits, mais si tel n’était pas le cas, la croissance mondiale serait considérablement plus faible.

Graphique 5. Des scénarios illustratifs de coronavirus mettent en évidence l'impact négatif sur la croissance

Variation de la croissance du PIB en 2020 par rapport au niveau de référence, points de pourcentage

 

Autres pays de

 

 

 

Pays exportateurs de

 

Chine

l'Asie-Pacifique

G20

Amérique du Nord

Monde

produits de base

Europe

0.0

-0.4

-0.8

-1.2

-1.6

 

Scénario de référence

 

Scénario avec une épidémie plus étendue

 

 

 

 

-2.0

Note: Simulation de l’impact d’une la baisse de la demande intérieure, de la baisse des prix des matières premières et des actions et d'une incertitude accrue. Scénario de base avec l'épidémie de virus centrée en Chine; scénario de contagion plus large, l'épidémie s'étendant de manière significative dans d'autres parties de la région Asie-Pacifique, en Europe et en Amérique du Nord. Voir l'encadré 1 pour plus de détails sur les chocs appliqués. Les exportateurs de matières premières comprennent l'Argentine, le Brésil, le Chili, la Russie, l'Afrique du Sud et d'autres économies productrices de pétrole non membres de l'OCDE.

Source: Calculs effectués par l’OCDE à l’aide du modèle macroéconomique mondial NiGEM.

Sur cette base, la croissance du PIB mondial devrait ralentir pour s’établir à 2.4 % cette année, contre 2.9 % en 2019, avant de se ressaisir à environ 3 ¼ pour cent en 2021, à mesure que les effets du coronavirus se dissiperont et que la production repartir progressivement (Graphique 6). Les mesures annoncées et mises en œuvre par les pouvoirs publics et prises en compte dans ces prévisions devraient aider à soutenir les revenus à court terme, en particulier celles qui sont bien ciblées sur les entreprises et les ménages les plus touchés. Une relance macroéconomique dans les économies les plus exposées devraient aider à renouer avec la confiance à mesure que les effets de l’épidémie et des perturbations occasionnées dans les approvisionnements se dissiperont. La faiblesse des taux d’intérêt devrait aider à soutenir la demande, même si l’impact des ajustements récents et à venir dans les taux directeurs sera sans doute modeste dans les économies avancées. L’assouplissement de la politique budgétaire apportera aussi une marge de manœuvre dans les économies asiatiques, mais il semble probable qu’elle soit plus restrictive que ce qui est souhaitable dans de nombreuses autres économies, particulièrement en Europe, étant donné l’atonie des perspectives de croissance et la faiblesse des taux d’emprunt.

Les dépenses des ménages continuent d’être soutenues par l’amélioration de la situation sur le marché du travail, mais le ralentissement des créations d’emplois pèsera probablement sur la hausse des revenus, tandis que la faiblesse persistante de l’accroissement de la productivité et de l’investissement entamera la robustesse des gains de salaires réels. L’incertitude devrait rester élevée alors que les

échanges et l’investissement demeurent atones. Enfin, l’inflexion dans la perception des risques sur les marchés financiers et la diminution des voyages d’affaires et des flux touristiques constituent aussi des facteurs qui brideraient la croissance de la demande pendant un certain temps.

Graphique 6. Les perspectives de croissance du PIB devraient rester faibles

Note : Prévisions issues des présentes Perspectives économiques intermédiaires et de l’édition de novembre 2019 des Perspectives économiques de l’OCDE.

Source : OCDE, Base de données des Perspectives économiques.

Les perspectives pour les grandes économies sont mitigées :

Les perspectives pour la Chine ont été sensiblement revues en baisse pour 2020, les prévisions de croissance du PIB s’établissant à un peu moins de 5 % pour l’année. La croissance pour l’année 2021 se hissera en conséquence entre 6 ¼ et 6 ½ pour cent, le niveau de production tout au long de 2021 étant globalement conforme aux prévisions qui auraient été établies en l’absence d’épidémie de coronavirus. Une trajectoire comparable, quoique moins marquée, est prévue pour de nombreuses économies très liées à la Chine, notamment le Japon, la Corée, l’Australie et l’Indonésie.

Les effets de l’épidémie de coronavirus sur d’autres économies moins liées à l’économie chinoise devraient être limités, en particulier aux États-Unis et au Canada, même si la perte de confiance, les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement et le fléchissement de la demande extérieure modéreront les perspectives de croissance.

La croissance dans la zone euro devrait demeurer en deçà de la normale et avoisiner 1 % par an en moyenne sur 2020-21, l’impact de l’épidémie affaiblira les résultats au premier semestre de 2020. Les prévisions pour le Royaume-Uni et la zone euro sont fondées sur l’hypothèse d’un accord commercial de base pour les échanges de biens prenant effet au début de 2021. Même si l’application de cet accord se déroule sans heurt, le renchérissement des exportations de services et les obstacles non tarifaires pèseront probablement sur les exportations et la croissance de la production tout au long de 2021.

Une reprise graduelle, mais modeste, est attendue dans nombre d’économies de marché émergentes pour 2020-21, mais l’ampleur de cette reprise est incertaine. Une réorientation à la hausse supposerait au préalable un impact positif des réformes menées, une politique monétaire d’accompagnement en Inde et au Brésil, des mesures bien ciblées au Mexique et en Turquie pour stimuler une croissance durable, et une reprise progressive de l’activité des pays exportateurs de matières premières exposés au ralentissement de cette année en Chine.

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